Juste après Limoux puis Couiza, on arrive dans un village tranquille dont les rues, que l’on appelle ici « carrieras », sonnent creux : BUGARACH !
Le cadre est merveilleux, accentué par la beauté du lac dans lequel se jettent des « cascatelles ». Un pont romain figure le trait d’union entre le passé et le présent.
A l’arrière plan culmine (à 1231 m) le sommet enneigé du Pech mystérieux qui fait tant parler depuis que certains affirment y avoir vu des extra-terrestres.
Dans le village, où cohabitent une dizaine de nationalités, au milieu des annonces municipales fleurissent des invitations au chamanisme : pour l’harmonisation des corps de lumière et l’intégration de la puissance de vie, dit un tract. On propose aussi une formation à la médecine chinoise et au qi gong thérapeutique. Des séjours en camp indien sont tout indiqués. Rosicruciens, néo-templiers, sionistes, adeptes du Nouvel Âge y ont leurs tipis.
Bon nombre de maisons sont à vendre mais leurs prix ont plus que doublé dernièrement.
La visite de la petite église au clocher carré suscite de nouveau la curiosité. On trouve là 8 vitraux représentant des personnages bibliques dont les visages sont étrangement effacés. Tous ont subi l’outrage du temps sauf Tobie, figure judéenne qui guérit miraculeusement son père de la cécité dans l’Ancien Testament.
« Il n’y a pas de secte ici, dit une habitante, pas plus que des gens qui courent nus dans les rues. Ce sont juste des personnes qui veulent vivre avec la nature. Ce sont des résistants au monde actuel. » assure-t-elle. Naturellement, elle refuse d’être classée dans la catégorie des illuminés. « Je suis ouverte à tout, mais objective. Il y a les faits et les interprétations. Cette histoire de fin du monde me dépasse un peu. Nous attendons de voir. Selon moi, nous assisterons plutôt à la fin d’un système mondial », prévoit-elle.
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Tout aurait commencé le 11 août 3114 avant J.-C. Ce serait, selon les Mayas, la date de la création de l’Univers, correspondant à l’apparition de la planète Vénus au-dessus de l’horizon terrestre. Cette année zéro marque le début du premier cycle dans leur calendrier.
Chez eux le temps s’écoulait en « kin » (1 jour), « uinal » (20 jours), « tun » (360 jours), « katun » (7 200 jours), « baktun » (144 000 jours). Nous serions actuellement dans un cycle long, le même que celui qu’ont connu les Mayas, appelé le « Cinquième Soleil ». Sa fin surviendrait le 21 décembre 2012, juste avant le coucher du soleil. Les astronomes prévoient que, à ce moment précis, Vénus disparaisse sous l’horizon occidental pour laisser la place aux Pléiades.
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que certains imaginent la fin du monde à cette date, alors que les Mayas n’ont, semble-t-il, rien prédit de tel. Tout juste annoncent-ils l’émergence d’un nouveau cycle - que des spécialistes situent d’ailleurs au solstice d’hiver 2014.
La crainte que le temps ne finisse au terme d’un cycle où tout serait détruit se retrouve dans toutes les cultures. Pour les Babyloniens, il s’agissait du Déluge, pour les Chrétiens, de l’Apocalypse, et, chez les Hindous, Shiva s’en chargerait...